Anniversaire
Comme chaque année, le mois de mars se prête à des
festivités rapprochées : car après la Saint Patrick qui donne lieu à des
débauches de Guinness le 17 (nous en avons profité pour susurrer d’une voix
langoureuse à l’ami Ducher Bonne Fête, Mister President), c’était
l’anniversaire de McGoohan himself qu’il s’agissait de célébrer le 19
mars : 73 ans le bonhomme, des séries, des films, des poèmes et des
projets pleins les poches, et certainement l’envie farouche qu’on lui foute la
paix ce jour-là plus encore que tous les autres. Vous comprendrez qu’on n’ait
pas placardé la nouvelle en pleine page du Monde à la mode de nos amis
anglais…
Objets du culte
Faute d’aider PMcG à souffler ses bougies, vous pouvez
malgré tout assouvir vos désirs de fan par des moyens détournés : monter
et peindre de vos petites mains une maquette au 1/6ème du N°6 par
exemple ; c’est une offre que vous propose Fifth Sense via le site
Internet http://www.hollywood-stock.com,
pour la somme pas si modique de 675FF (102,90 €) – (Cf. « Les produits
dérivés du Prisonnier », rÔdeur n°34)
Si vous disposez d’une belle vitrine, The Portmeirion
Village Collection vous permettra de l’agrémenter de miniatures en résines
représentant les bâtiments du village, chaque modèle variant entre 250 et
350 FF malgré la délocalisation en Chine de leur fabrication… Vous pouvez les
commander directement à la Prisoner Shop à Portmeirion, ou leur adresser un
courrier électronique (siopau@portmeirion-village.com).
Mais
si le printemps vous donne des envies furieuses de vous dépenser, la trottinette
de course vous révèlera les sensations inouïes de ce Grand Bi très modernisé :
c’est Paris Match du 19/10/2000 qui propose cette Kickbike Classic
Millenium, véritable Rolls des trottinettes pour branchés friqués (2540FF
tout de même). En plus, elle se laisse grimper dessus beaucoup plus facilement
qu’un Grand Bi : le pied, pour faire ses courses en ville !
DVD
Alors que vous vous délectez encore et toujours du coffret
DVD français sorti en novembre dernier, surtout depuis que le-dit coffret a
été mentionné aux côté d’Albator dans l’émission Exclusif
de Flavie Flament et Frédéric Joly (TF1, le 30/11/2000 vers 18h45), pendant
ce temps-là, disais-je, sachez que nos amis américains bien entendants ont eu
toutes les peines du monde à comprendre de quoi il retournait dans les épisodes
du coffret N°2 édité par A&E : « Le carillon de Big Ben »
et « Le général » étaient tout particulièrement affectés
de distorsions sonores étranges. Résultat des courses ? Echange standard
des DVD défectueux, et mauvais point pour A&E.
Winckler au Salon
La région lyonnaise a également son salon du Livre, et
il s’est tenu cette année du 2 au 4 mars, à Bron comme toujours. Ce salon doit
une partie de son prestige à la qualité des auteurs invités, et Martin Winckler,
bien connu de nos lecteurs (cf. rÔdeur n°32 notamment), y était à l’honneur
pour la seconde fois. J’en ai donc profité pour tenter de rencontrer l’amateur
impénitent de séries ainsi que le romancier étonnant ; cotre rédac’ adorée
tenant par ailleurs un stand de librairie, j’ai dû déléguer ce rôle à une collègue
qui a parfaitement rempli sa mission : lui faire dédicacer La Vacation
(mais ça, vous vous en moquez), le prendre en photo (il était tout gêné), et…
lui remettre deux numéros du rÔdeur, le tout dernier en couleur, et le N°32
qui contenait un article sur lui et le citait en couverture. Et là, grand sourire,
et visiblement grand bonheur : Oh ! Le rÔdeur ! Je sais jamais
comment on fait pour l’avoir. Il était ravi. Faute de temps, il n’a malheureusement
pas pu tenir sa promesse de venir me rencontrer, mais ce n’est que partie remise.
D’ailleurs, signe des temps, le salon de Bron présentait un coin étrange baptisé
« Le Village » où l’on pouvait, autour du bar (…), lire, regarder,
écouter, fabriquer, jouer… Un vrai village, quoi !
Films
D’autres nouvelles (que dans le Tally Ho plus loin dans
ce numéro) de Christopher McQuarrie, le futur scénariste du peut-être Prisonnier
sur grand écran : il vient d’écrire et de réaliser Way of the gun,
un polar à la sauce Tarantino. Ca ne prend pas. C’est tout du moins l’avis
récent de Télérama (date inconnue, décidément, il y a du laisser aller
dans cette rédaction !). Conclusion du journaliste, Frédéric Strauss :
Way of the gun se feuilletterait avec plus de plaisir, si chacun
de ses épisodes ne supportait le poids mort de références mal recrachées.
Ca promet ?
Deux références anecdotiques maintenant : dans le
film de David Twolry, d’ailleurs intitulé The Arrival (1997),
une scientifique libère un ballon-sonde, c’est-à-dire un rôdeur… Et puis une
jeune internaute nous signale que même dans le film Tarzan sorti
l’an dernier chez Disney, le père de Jane (si j’ai bien compris) lance un superbe
« Bonjour chez vous » avant de rejoindre Tarzan, Jane et les gorilles
sur la plage. Quelle aventure !
TV
Beau
début d’année, puisque le 01/01/01 (tout un symbole) à 18h10 sur M6,
nous eûmes le plaisir inoubliable d’apercevoir McGoohan dans un film inédit
à la télévision, voire au cinéma : il s’agit du Fantôme du Bengale
de Simon Wincer, sorti en 1996 et resté depuis dans les brumes douteuses des
difficiles réputations de navet. L’occasion était unique de se forger une opinion :
tiré d’un célèbre personnage de BD créé par Lee Falk en 1936, le Fantôme
fut à la fois l’ancêtre de Batman et de Superman (L’Ecran Fantastique,
date inconnue), un super-héros élégamment vêtu d’un masque et d’une combinaison
violette très ajustée qui combat les méchants (un vilain nommé Xander Drax)
tout en séduisant de sa moue ravageuse les deux héroïnes (la gentille et la
méchante). Mais que faisait donc McGoohan dans cette aventure assez peu palpitante ?
Et bien, de toute évidence, il avait besoin de manger : cantonné dans des
apparitions épisodiques dans le rôle du père du Fantôme (une sorte de fantôme
du Fantôme, un sous-ObiWan Kenobi), il donne peu la mesure de son talent, si
ce n’est dans un sourire lubrique quand, à la fin, il invite son benêt de fils,
toujours ganté de mauve, à retenir la belle grâce à qui il a découvert l’amour…
Moralité : certains inédits feraient mieux de le rester.
Nos amis américains ont eu l’opportunité de se
consoler en regardant le dernier épisode de Columbo écrit et
réalisé par McGoohan : c’était le 13/02/2001 sur ABC, et il
s’agissait bien sûr de « Murder with too many notes »,
« Meurtre en musique » in french, of course (cf. rÔdeur
N°32).
Pour nous autres, nous avons dû nous contenter sur nos
écrans d’allusions au Prisonnier plus ou moins tirées par les cheveux :
dans Questions pour un champion du 12/01/2001 sur France 3,
les candidats avaient pour indices une série de 17 épisodes, dont le dernier
s’appelle « Le Dénouement », et dans laquelle une
grosse boule blanche poursuit… Julien Lepers aurait pu rajouter que cette série
était aussi rediffusée sur la même chaîne, tant qu’à faire.
L’autre allusion est à trouver du côté des Sept
péchés capitaux de Julien Courbet, le 5/01/2001 sur TF1. Où l’on
découvrait un certain M. Perez, seul commerçant d’une galerie marchande
désertée à Chambly, et pour cette raison surnommé « Le Prisonnier ».
Le thème des barreaux qui se ferment, du N°1/Maire de la ville, et surtout
l’illustration du reportage avec des musiques bien choisies du Prisonnier prouvent
un souci réel de « filer » la métaphore ; quant à faire d’un
commerçant esseulé un potentiel N°6, c’est transformer en noble révolte ce qui
n’est après tout qu’un ratage commercial.
Le Fils du General
Josh Greifer nous a écrit sur le site du rÔdeur. C’est
qui ça, Josh Greifer ? Et bien, le fils de Lewis Greifer, alias Joshua
Adam, le scénariste du… « Général » ! Faut suivre,
un peu. Toujours est-il qu’il faisait judicieusement remarquer des différences
de traductions entre la VO et la VF, notamment à la fin de l’épisode, lorsque
le N°6 met en échec le général en lui demandant « Why? », traduit en
français par « Quoi ? » (What?) pour des raisons pures et
simples de doublage. Patrick Ducher lui a donc fait parvenir un exemplaire de
son Do you speak Prisoner où il répertoriait, il y a longtemps
déjà (10 ans !), toutes ces différences plus où moins voulues. A quand la
réaction des filles de Joseph Serf, de Paddy Fitz, bref de McGoohan ?
Smart is beautiful !
Une info à confirmer puisqu’elle ne provient que d’un
groupe de discussion sur Internet : il semblerait que le créateur de Destination
Danger, Ralph Smart, soit décédé le 12 février dernier à l’âge de 92
ans. Il rejoint donc Lew Grade au panthéon des créateurs de séries (cf. rÔdeur
N°27), avec comme fleuron commun leur héros John Drake qu’ils ont commencé à
imaginer à la fin des années 50.
Ralph Smart, d’origine australienne, avait
travaillé comme scénariste ou réalisateur pour The adventures of Robin Hood,
The adventures of William Tell et The adventures of Sir Lancelot,
avant de gagner ses galons de producteur avec The buccaneers et surtout The
Invisible man (Baudou-Ferrari, Destination Danger, 8ème Art,
1991, p. 172). En plein dans la vogue de l’espionnage du début des années 60,
Ralph Smart fut le premier à imaginer l’impact que ce type de personnage
pourrait avoir sur un écran. Le succès de John Drake est évidemment garanti
par le talent de McGoohan et par la richesse et l’exotisme des scénarios.
L’acteur lui doit donc une bonne part de l’expérience qui allait lui ouvrir les
portes du Prisonnier. Hommage.
En avant le generique
Clin d’œil étonnant : la pochette du 3ème
et avant-dernier album de Michael Penn (le frère de Sean, fils d’Arthur), intitulé
Resigned (1997, Sony, EK67710, en import), est extraite du générique
du Prisonnier, avec gros plan sur le tiroir dans lequel tombent
les fiches des agents démissionnaires. Notons également au dos de la pochette,
la fiche de Michael dont la photo est barrée d’une rangée de X. Nous n’avons
pu trouver aucune autre allusion directe dans les paroles de ses chansons, pas
plus que sur son site Internet, ce qui est d’autant plus étrange que son précédent
album s’appelait… Free-for-all ! Faute d’en savoir plus,
nous nous contenterons de vous recommander hautement cet auteur merveilleux
de pop-songs, dont chacun s’accorde à dire qu’elles auraient pu (dû) être écrite
par… Paul McCartney, rien de moins.
Livres
Deux ouvrages récents ont fleuri sur les rayonnages de
la Prisoner Shop : le premier intitulé The Prisoner – I am not a
number est écrit par Steven Ricks, l’un des pontes de Six of One,
également découvreur du rôdeur première version (sur lequel il s’arroge
d’ailleurs une exclusivité assez contestable : il n’est après tout qu’un
fan et non le créateur du dit engin). Ce livret de 32 pages, format A5,
présente de nombreuses photos inédites, et constitue un bon point de départ
pour la série.
Le second a pour titre Portmeirion, et
propose en 52 pages, toujours en petit format, un tour complet de l’horizon
architectural du village : croquis de Sir Clough, photos anciennes,
historique des constructions…, un guide indispensable pour les amateurs. Ces
deux titres sont en vente à la Prisoner Shop pour environ 30FF.
Le Prisonnier est également à l’honneur du dernier
Stephen King, Cœur perdu en atlantide, paru en 2001 chez Albin
Michel. Une des citations du début est un extrait du dialogue du générique,
avec quelques approximations par rapport à la version française de doublage
(« De quel bord êtes-vous ? » par exemple, au lieu de
« Dans quel camp êtes-vous ? »). Cet échange inaugural entre le
futur N°6 et le N°2 est simplement crédité au… Prisonnier, sans plus de
précisions.
Signalons également pour les amateurs de jazz la
parution chez Folio de Free Jazz Black Power de Philippe
Carles et Jean-Louis Comolli. Dans une interview réalisée par les Inrockuptibles
en octobre dernier (n°262 du 24 au 30/10/00), Jean-Louis Comolli analyse ainsi
le geste de rupture que constitue le free jazz : dans le monde qui est
le nôtre, le gouvernement des œuvres et des âmes est de plus en plus lié à la
notion de programme, de scénario, de contrôle et de surveillance… Maintenir
l’imminence d’un geste qui puisse déchirer me paraît être une nécessité
politique.
Enfin, l’on peut inviter les fans amateurs de lecture
à se pencher sur le cas de Double Vie de Pierre Assouline, paru
en janvier 2001 chez Gallimard. Dans le bulletin N°436 des éditions,
l’auteur revient en effet sur un roman qui dénonce entre autres la surveillance
permanente qui nous entoure : je crois que l’individu ne s’est jamais
senti aussi libre et libéré qu’aujourd’hui grâce à la technologie, et dans le
même temps qu’il n’a jamais été aussi prisonnier des contraintes extérieures.
(…) Qu’il s’agisse de la vidéosurveillance, des cartes bancaires, du téléphone,
pour ne citer que quelques exemples, ces nouveaux outils technologiques,
indispensables ou prétendus tels, permettent une traçabilité de l’individu qui
restreint sa liberté et sa vie privée. On n’arrête pas de vous le dire.