Chasseur de BD
Grâce
à la perspicacité d'une internaute souhaitant garder l'anonymat, nous avons
découvert les joies du golf en bandes dessinées en compagnie d’une héroïne fort
intéressante, Melle Cécilia Mourgue d’Algue (!) : c’est dans « Impacts
sur le green », le 3ème volume (mai 2001) de la série Chasseurs
d’étoiles parue chez Dupuis sous la plume de Yann et le pinceau
de Wozniak. Ayant découvert par hasard une météorite rarissime en participant
à une compétition, la jeune Cécilia se voit poursuivie par tous les chasseurs
d’étoiles de la terre, des plus passionnés aux moins recommandables. Mais là
ne réside pas, vous vous en doutez, son plus grand intérêt.
Les premières
pages sont truffées d’indices : la jeune femme a un réveil représentant un grand
bi à son chevet, elle porte T-shirt rayé et chapeau ridicule, lance régulièrement
« Bonjour chez vous ! » et roule en… Super Seven verte à nez jaune : elle
a les moyens, la petite Cecilia ! note avec justesse une des protagonistes,
la belle Zoïa.
Or Cécilia ne
roule pas seulement vite pour échapper aux indésirables : elle se dépêche pour
ne pas manquer… la convention de Six of One à Portmeirion, ce qui nous vaut
de superbes dessins du village et des scènes célèbres comme le jeu d’échecs,
la fanfare, et même la boule blanche écrasant le méchant déguisé bien sûr en
N°2 ! Le dessinateur s’est visiblement régalé, et le scénariste en profite pour
épingler le prix de la moindre chambre d’hôtel, attribuer le N°700 à
un des chasseurs sozie de Sean Connery, ou pour faire faire à Zoïa le signe
de la main « bonjour chez vous » alors qu’elle parle simplement de la saveur
des truffes…
Preuve
que les auteurs sont de grands fans de séries : la Lotus Seven croise à un moment
la Bentley de Chapeau Melon, avec Steed et Emma à son bord… Que
du bon, on vous dit. En vente à 57,06 F (8,70€) dans toutes les bonnes crémeries.
TV
Le Prisonnier a coulé Baffie,
dixit Michel Fenioux : « dans l’émission de France 2 Tout le monde en
parle du trublion Thierry Ardisson – qui possède de très bonnes fiches
sur ses invités ! Nous sommes tous fichés ! – vers la mi-janvier 2001, son acolyte
Laurent Baffie s’est fait coller dans le blind-test consacré aux musiques des
séries TV.
Généralement bon dans cet exercice, Baffie a été désarçonné à cause du… Prisonnier.
Sur les premières notes d’un célèbre générique, le bondissant Baffie s’est écrié
Le Prisonnier.
Il fut dépité, hébété même, lorsqu’Ardisson donna la réponse. Il s’agissait
de la musique du Saint avec Roger Moore ! A la suite de cette
baffe, Baffie rata toutes les autres musiques.
Le Prisonnier avait coulé Baffie, devenu numéro penaud. »
Dans le même
genre, le mercredi 8/08/01, dans ce monument de sadisme télévisuel qu’était
Le maillon faible sur TF1, Laurence Boccolini toute de
noire vêtue demanda le nom de l’acteur qui joue Le Prisonnier :
devant le mutisme du candidat, il y a fort à parier qu’elle l’a traité d’abruti,
de loser, de grosse tache, j’en passe et des plus drôles…
Pour continuer
dans la noble activité qui consiste à faire souffrir son prochain, M6
nous a récemment (le 19/11) resservi la belle leçon de L’évadé d’Alcatraz
de Don Siegel (1979), dans lequel l’affreux directeur de prison, bien
sûr joué par McGoohan, se plaît à tourmenter les captifs parmi lesquels Frank
Morris, alias Clint Eastwood. Leurs scènes communes passent toutes dans le regard,
et il faut voir et revoir avec quelle rage McGoohan écrase la fleur de chrysanthème
(symbole de liberté) après l’évasion des 3 hommes : Boccolini peut aller se
rhabiller…
Toujours le
19/11, dans un épisode de Charmed, on trouve une allusion peut-être
involontaire au Prisonnier. C’est Aurélie qui résume l’affaire :
« les sœurs Halliwell sont découvertes par un journaliste qui a vu Prue utiliser
ses pouvoirs. Il fait pression sur elles et découvre que l’inspecteur Andy Trudeau
a à son compte un bon nombre d’affaires non-résolues (un peu surnaturelles)
dans lesquelles Prue est souvent impliquée. Il va donc le voir, le questionne,
insinue qu’il serait au courant et qu’il couvre Prue dans ses enquêtes. Devant
la désinvolture d’Andy (il protège Prue mais ne sait rien à propos de ses pouvoirs,
quoiqu’il s’en doute), le journaliste s’en va en disant «Bonjour chez vous !».
Rien à voir avec le Prisonnier mais peut-être que «Bonjour chez
vous» est passé dans le langage courant pour saluer une personne ironiquement ».
Loin de nous,
McGoohan existe aussi (si, si !), et si vous avez la chance d’habiter aux Etats-Unis
comme notre ex-webmestre Frédéric Salles, vous avez pu vous régaler des « Premières
lueurs de l’aube », un excellent épisode de Columbo avec
bien sûr PMcG en commandant très conservateur (et donc très meurtrier) d’une
école militaire. C’était le 26/11 sur Action 36, câble 6 !
Comme un plaisir
en attire un autre, le même Frédéric Salles nous signale que la chaîne cablée
KTEH rediffuse en ce moment Le Prisonnier aux Etats-Unis,
avec une présentation soignée de Scott Appel, un fan de longue date. Détail
intéressant : KTEH est une chaîne d’une qualité rare comparée aux
autres chaînes offertes avec l’abonnement de base au câble. [Elle est] financée
par les donations d’auditeurs et gérée par des bénévoles, et elle a déjà
diffusé Le Prisonnier auparavant.
Enfin, vous
avez peut-être regardé avec surprise une émission intitulée Citizen Cam,
diffusée sur Arte le 4/10 dernier : ça se passait à Reykjavik, capitale
de l’Islande, où grâce à des centaines de caméras de surveillance, la police
locale avait lancé sa propre chaîne de télé pour que les gens puissent se surveiller
mutuellement depuis leur canapé ; certains protestaient énergiquement bien sûr,
au nom de la liberté individuelle, mais la plupart étaient fascinés et en redemandaient.
Ah, j’oubliais : il s’agissait au bout du compte d’une pure invention, d’une
blague typiquement islandaise, mais qui fait froid dans le dos (et pas seulement
à cause de la latitude) : songez qu’on peut déjà surveiller les allées et venues
de ses voisins dans nombre d’immeubles équipés de caméras, une chaîne privée
des plus passionnantes, ma foi !
Les couleurs de la vie
Le
bon goût américain a encore frappé : on savait que certains prisonniers dans
de nombreux pays travaillaient pour l’Etat et donc pour le contribuable, le
plus souvent d’ailleurs pour des clopinettes, voire pour rien. Et bien, grâce
à l’ardeur de certains prisonniers de l’Oregon (Marie Claire d’avril
2000), vous pourrez acheter un jean fabriqué à l’intérieur pour être porté
à l’extérieur au prix plancher de 110F, à moins que vous ne préfériez le
sweet-shirt ou la casquette assortie. Le nom de cette nouvelle ligne de vêtement ?
Prison Blues. De là à parler du blues du prisonnier…
Plus poétique,
voici le Guide thérapeutique des couleurs publié l’an dernier
chez Dangles par Christian Agrapart et Michèle Agrapart-Delmas : c’est
le Nouvel Observateur (26/10 – 01/11/00) qui nous présente la chromothérapie,
ou thérapie par les couleurs, basée sur le côté chaud ou froid des couleurs.
Un exemple : pour traiter une brûlure, il suffit (…) d’exposer la
zone atteinte à un rayonnement coloré orange puis bleu (dégageant une énergie
froide qui neutralisera la chaleur à la base de la lésion). Après tout,
l’alerte orange n’est peut-être qu’une thérapie déguisée pour traiter les brûlures
de la liberté…
Tendance
Marie-Claire (toujours elle !) d’octobre
2000 rapporte une coutume locale des habitants de Nijni-Novgorod, à 500 km
de Moscou, qui font dorénavant justice eux-mêmes. Ainsi emprisonnent-ils dans
des cages (…) les voleurs (…), les drogués et autres paumés en
tout genre qui se voient transformés en attraction de foire, au bonheur des
familles venues par centaines les regarder. Un bien bel exemple…
Toujours dans la rubrique Droits de l’Homme, Le
Canard Enchaîné du 11/07/01 cite un ancien policier de Pékin qui avoue
avoir fusillé 23 condamnés à mort : je ne connais ni le nom des condamnés, ni
l’histoire de leur crime. Ce sont des numéros pour moi, pas des hommes.
Ca promet pour les JO en 2008.
Dans ce même Canard Enchaîné, des journalistes
rapportent les travaux de deux scientifiques spécialisés en neuropsychologie
et psychologie cognitive, Bernard Croisille et Olivier Koenig, qui ont mis leur
talent de chercheurs au service de… la pub ! Afin d’échapper au bourrage
de crâne publicitaire [qui] n’est pas performant, (…) ils ont
donc identifié une petite vingtaine d’éléments susceptibles de parfaire l’ancrage
des pubs dans notre subconscient (…) comme couleurs violentes, effets
de surprise, émotion, (…) répétition des messages… On n’est plus
très loin des messages subliminaux. Moralité : plus que jamais, il est urgent
d’aller pisser pendant la pub…
Echec et bath
Après l’échec (!) subi par Gary Kasparov face à
l’ordinateur Deep Blue en 1997, c’est au tour de Vladimir Kramnik, chamion du
monde d’échecs, de tenter de battre le super-ordinateur Deep Fritz (=
profond teuton ?) cet automne. C’est Nice-Matin du 01/08/2001 qui l’annonçait,
mais nous n’avons pas connaissance du résultat de ce duel au sommet.
Si d’ailleurs vous êtes amateurs d’échecs, et tout
particulièrement de beaux jeux d’échecs, sachez que vous n’êtes pas prêts de
dépasser la collection faramineuse d’Allen Hofrichter, composée désormais de
150 jeux d’échecs du XVIIIe au XXe siècles, complets. Madame Figaro
du 02/09/2000 rapporte en effet une vente aux enchères extraordinaire de chez
Christie’s, à Londres, au cours de laquelle les jeux les plus rares ont été
vendus autour de 150 000 F. On fait donc de sérieuses économies en utilisant
des humains, même si la finition des pièces laisse parfois à désirer.
Tant
qu’on est dans les petits prix – normal, Noël est là – que diriez-vous d’un
fauteuil œuf musical américain années 60 pour agrémenter votre salon
? Modèle authentique en fibre de verre, 2 enceintes sont incorporées à la
coque, ce qui permet d’envisager la position fœtale en musique… Le tout
pour ? Pour ? 35 000 F, soit environ 5 335,72€ : c’était sur ebay, le site de
vente aux enchères sur Internet, en octobre dernier. Vous l’avez raté ? Il vous
reste les chocolats (merci pour le chocolat).
Enfin, pour rester dans le globe un jour, globe
toujours (pas globe, pas globe), sachez que les gros ballons blancs ne sont
pas toujours animés de mauvaises intentions : ils peuvent parfois prévenir les
risques en montagne en déclenchant préventivement des coulées de neige, dixit
L’Express.fr du 23/09/01. La technique consiste à gonfler de simples
ballons en latex avec un mélange d’hydrogène et d’oxygène, puis de les faire
exploser au dessus du manteau neigeux à l’aide d’un détonateur commandé à distance.
Skiez donc en paix, chers fans du Prisonnier, le rôdeur veille
sur vous.
Souvenirs, souvenirs
Actuellement
à la tête d’un service de presse, Bernard Giroux, 46 ans, nous propose chez
Bayard Merci la télé, souvenirs d’un téléphage : paru en
septembre dernier, ce livre est dédié à son père et à sa mère qui ont eu
la bonne idée, outre d’avoir cinq enfants, d’acheter un téléviseur en 1960.
L’auteur débute par une anecdote amusante : lors
d’un dîner où les conversations s’enlisent dans la politique et l’euro, il lance
le sujet des séries télévisées préférées de chacun, et là, tout s’anime lors
d’un pugilat verbal entre les inconditionnels de Chapeau melon et bottes
de cuir ou des Envahisseurs, et les thuriféraires, un tantinet dédaigneux,
du Prisonnier. Le ton est donné, et l’on suit avec beaucoup de plaisir
le vagabondage d’une personne qui l’a regardée [la télé] avec beaucoup
de gourmandise, qui y a fréquemment trouvé bien du plaisir, et qui va tenter
d’effeuiller la marguerite télévisuelle.
Parmi les premiers pétales figure John Drake,
héros de la série Destination Danger. Dans ce rôle d’espion britannique
travaillant pour (…) l’OTAN, Patrick McGoohan, involontairement, rôdait
le personnage intelligent, introverti et distancié qui ferait le succès du Prisonnier
quelques années plus tard.
On retrouve bien sûr le N°6 dans le chapitre consacré
aux séries étrangères, juste après Chapeau melon dont Bernard
Giroux rappelle les paysages déserts d’une Angleterre où Steed et madame
Peel ne rencontrent jamais personne. (…) Ce sentiment d’étrangeté, nous
ne pouvons que l’éprouver de nouveau en regardant la meilleure série de télévision
que la Grande-Bretagne ait jamais réalisée : Le Prisonnier. L’auteur
résume l’intrigue principale, et conclut logiquement que Le Prisonnier
est devenu la principale série culte, peut-être parce que l’univers décrit est
celui d’une société douillettement totalitaire très inquiétante.
Chaque chapitre est suivi d’un questionnaire assorti,
ce qui pourrait fournir la trame d’une rencontre de téléphages tous azimuts
(plus deux index très précieux des émissions et des noms cités), mais Le
Prisonnier fait quant à lui partie du questionnaire pour les téléphages
les plus avertis : où la série (…) a-t-elle été tournée ? J’vais
p’t-être me tuyauter auprès de Laurent Baffie…
Au fait, Bernard, deux petites précisions qui m’reviennent :
le point commun entre Jim West, Bill Cosby et Josh Randall
– et le N°6 ! –, c’est Jacques Thébault, pas Thibault… Pis McGoohan, ça s’écrit
pas MacGoohan, ma femme dit toujours que l’orthographe, faut pas blaguer avec
ça…
Allusions
Pour les internautes les plus curieux d’entre vous, signalons un lien avec
Le Prisonnier dans le guide intitulé les 500 sites Internet
pour l’anglais paru récemment chez Belin : il s’agit du site
anglais, of course, de Larry Hall : http://www.the-prisoner-6.freeserve.co.uk.
Petit clin d’œil aussi à Franck Maher, la doublure de McGoohan dans la série,
qui était présent le 15/09 dernier aux 30 ans d’Amicalement vôtre
en compagnie notamment de l’ami Pierre « N°2 » Bannier.
Enfin, comme il n’est jamais trop tard pour se cultiver, voici une citation
fort intéressante de Pierre Joseph Proudhon, un des pères de l’anarchisme en
France au XIXe siècle ; c’est Bruno Diaz qui nous instruit, d’après L’ordre
moins le pouvoir de Normand Baillargeon : Etre gouverné, c’est être
gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné,
prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé. C’est, à chaque opération,
à chaque transaction, à chaque mouvement, être noté, enregistré, recensé, tarifé,
timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté,
empêché, réformé, redressé, corrigé… De quoi enrichir considérablement le
vocabulaire protestataire du Prisonnier.
