Un livre, un jour
Un livre parlant du Prisonnier vient de sortir ! Ah bon, vous
êtes au courant ? Mais non, il ne s’agit pas DU livre
, mais d’un livre qui aborde cette fameuse énigme télévisuelle parmi
toutes Nos séries cultes : paru en août dernier chez Tana éditions,
en co-éditions avec Télé Loisirs, l’ouvrage se présente sous forme d’un
coffret contenant un livret de présentation, suivi de 40 fiches pour… 40 séries,
of course ! Ce jeu de cartes de culte grand format devrait faire les délices
des amateurs d’emballages originaux qui ont 25 euros en poche, mais il risque
de provoquer très vite des ulcères chez le libraire : bon sang, j’ai 24
heures chrono pour retrouver la fiche manquante, sinon l’Incroyable
Hulk - le chef, pour son teint verdâtre et ses chemises approximatives
- va m’expédier dans la Quatrième dimension !
Bon, trêve de
plaisanterie, vous préférez peut-être qu’on en vienne au cœur du sujet, non
? Adoncques, le Prisonnier figure au numéro 15 (1+5 = 6 !) de
la série des séries, fichées semble-t-il selon un ordre chronologique. Rédigée
par Jean-Claude Derrien, la présentation de la série est rapide mais essentielle,
la décrivant comme une excellente fiction d’espionnage paranoïaque, à la
fois intemporelle et très «Swinging sixties».
On pardonnera
volontiers une petite inexactitude (en France, il y a eu 3 épisodes inédits,
et non 2) pour l’évocation inattendue de la voix inoubliable de Jacques Thébault,
et pour la mention de John Drake découvrant le Village de Portmeirion. Petit
plus non négligeable : le site du rÔdeur est cité en bas de fiche.
Quant au livret
lui-même, malgré un petit lexique pour l’amateur de séries cultes, et
un historique rappelant la naissance du feuilleton dans les journaux du 19ème
siècle, il se contente d’une vaste énumération fourre-tout, sans risque
et sans hiérarchie, tout en titrant Séries, miroirs de la société ! Le
format n’est pas seul en cause, car ces pages signées Emmanuelle Sarrouy semblent
s’adresser davantage au télé-spectateur ignare qu’à l’amateur averti de séries.
Le culte de la ménagère de moins de 50 ans a encore frappé.
The Martin show
Martin
Winckler était de passage à Lyon le 13/11 à la Fnac Bellecour, pour présenter
la 2ème édition de son ouvrage intitulé Contraceptions, paru au
Diable Vauvert. A priori, aucun rapport avec le Prisonnier
- encore qu’il ait été beaucoup question de liberté dans ses propos, celle des
femmes bien entendu - , mais c’était sans compter avec mon sens inouï de l’opportunisme.
Euh, en fait,
je dois avouer que j’étais surtout venue mettre à l’épreuve l’admiration déjà
ancienne que j’éprouve pour le bonhomme, qu’il soit médecin, écrivain ou critique
de séries télé : difficile de faire admettre autant de centres d’intérêt dans
un paysage culturel formaté, surtout quand on y fait preuve d’une approche franchement
personnelle. France Inter s’en souvient encore, qui l’a viré sans ménagement
en juillet dernier de sa chronique gratte-poil matinale, intitulée Odyssée
: il y abordait en toute liberté des sujets tels que le renforcement des dispositifs
sécuritaires en France - tiens, donc -, ou encore l’influence exagérée de l’industrie
pharmaceutique sur les prescriptions médicales. C’est dire que ladite industrie
a fort peu apprécié ses attaques argumentées et répétées, et la rédaction de
la radio publique s’est prudemment repliée sur le ton politiquement correct
qu’elle arbore depuis quelques temps.
Tout ça pour
dire que loin d’être déçue par la rencontre, j’ai profité de la séance dédicace
pour lui remettre le dernier rÔdeur, (comme à Bron
il y a deux ans) et lui faire signer le guide Totem des Séries
télé, paru chez Larousse en 1999 et co-dirigé avec Christophe
Petit (cf. le rÔdeur n°30, 12/99). L’occasion était trop belle
pour ne pas lui demander des nouvelles des Dialogues du Prisonnier,
ouvrage qu’il devait sortir chez Huitième Art avant que l’éditeur ne
plie boutique : eh bien, bonne nouvelle, le projet n’est pas enterré,
et il se pourrait qu’un autre éditeur se lance prochainement dans l’aventure.
Si cela se confirme, il va de soi que les amateurs de la série en seront vite
informés, Martin Winckler l’a promis : et comme l’on sait que ce gars-là tient
ses promesses…
A l'affiche
La
compagnie le Radeau a présenté à Lyon du 12 au 22/11 derniers une pièce d’Enzo
Cormann intitulée Le rôdeur : contrairement au Prisonnier,
l’œuvre ne met pas en scène un ballon bondissant et étouffant, mais un homme
qui apparaît comme au bout d’une longue marche, fourbu, crotté, chargé d’un
paquetage miteux, enveloppé dans un grand manteau : c’est presque le portrait
du n°6 dans l’épisode «Le retour», après
son long périple en mer ! Le rapprochement pourrait s’arrêter là si le prospectus
du spectacle ne précisait que l’intérêt théâtral se trouve dans la vie de
ces personnages bousculée avec force par des drames, leur quête pour découvrir,
ou fuir, la réalité, la vérité : bon sang, mais c’est bien sûr, Cormann
est le pseudo théatreux de McGoohan !
Notre agent
très spécial (nom de code JMP) a décelé une autre intervention subliminale de
Magoo pendant le 33ème festival de Marcigny, en Saône-et-Loire : lors de la
diffusion de la version intégrale du film de Sergio Leone Le bon, la brute
et le truand, comprenant de nombreuses scènes inédites, Clint Eastwood
s’amuse avec son six-coups et lance à Lee Van Cleef : le six est le nombre
parfait, ce qu’il prouve immédiatement en abattant les six sbires qui lui
font face.
Le même agent,
décidément très actif ces derniers temps, a également déniché un précurseur
du n°6 en la personne d’un compagnon de stalag de… Nestor Burma ! Cela se passe
dans un roman de Léo Malet paru en 1943 et intitulé 120, rue de la gare.
Le célèbre détective y rencontre en effet un mystérieux personnage, amnésique,
et portant le matricule 60202. Les revers de sa capote s’ornaient de l’écusson
rouge et noir du 6ème génie. L’homme devrait être libéré du fait de son
amnésie, mais son numéro qui, primitivement, figurait sur la liste des départs,
avait été omis au dernier moment par un bureaucrate négligent. Finalement,
Nestor Burma découvre qu’il s’agissait d’un gangster surnommé le roi de l’évasion
: l’influence du numéro, sans doute…
Enfin, dernier
indice crypté : sur l’un des CD de l’intégrale DVD consacrée à Mister
Manatane, Benoît Poelwoorde figure dessiné sur… un fauteuil-globe. Quel
humour (belge), ce McGoohan !
Radio gaga
Yo, man ! Tu
connais Le Mouv’, la radio djeun’s ? Eh ben, C TROP COOOL, paske y’a
des giga-tubes à gogo sur le Mouv’, C ENOOORME !
Enorme de connerie,
surtout ! Car après avoir été prévenus par un fan de l’Eurovision déguisé en
drag-queen d’un spécial séries télé dans le Buzz du Mouv’,
nous avons tendu l’oreille le 27/11 dernier vers 19 H pour tomber sur cette
question existentielle ô combien originale : est-ce que quand on est accro
aux séries télé, on est attardé mental ? Bon début, mon gars, bon début,
au moins on est tout de suite fixé sur le niveau de l’émission…
Certains répondent
oui sans hésiter, particulièrement quand ils sont eux-même d’anciens « accros » :
la palme revient à une certaine Valérie de Lyon, qui s’est tapée un
p’tit jeune de moins de 30 ans parce qu’il avait téléchargé Buffy sur
le Net avant que ça passe à la télé, puis qui l’a endormi en lui faisant
fumer du shit pour pouvoir regarder Buffy tranquille et qui
aujourd’hui n’aime plus Buffy, parce que les séries télé, ça
fait croire aux gens qu’ils sont vivants pendant qu’ils sont dans leur canapé !
Heureusement,
d’autres auditeurs n’ont aucun mal à relever le niveau du débat, en particulier
quand il s’agit du pape des séries télé, alias Alain Carrazé : on
peut aussi avoir une vie en dehors des séries télé, lance-t-il avec humour,
en citant William Shatner qui enjoignait aux fans de Star Trek :
get a life (vivez, bordel, en traduction libre…) ! Il en profite pour
analyser la nouvelle tendance des séries américaines, une tendance assez
conservatrice, malheureusement, qui est de revenir à des séries de procédures
policières, comme les Experts, New York District,
FBI portés disparus, plus immédiatement perceptibles dans
les personnages comme dans l’histoire.
Autre auditeur
à remonter nettement le niveau global, Philippe (Le Guern) dont on se demande
qui a bien pu avoir l’idée lumineuse de solliciter son avis… (Renseignement
pris auprès de l’intéressé, Le Mouv’ a eu ses coordonnées par Dominique
Pasquier, spécialiste des fans d’Hélène et les garçons et sociologue
reconnue dans le milieu télé ; l’interview s’est faite par téléphone, 10 minutes
avant un cours…). L’auteur des Cultes médiatiques (cf. le rÔdeur
n°42, 12/02) dément bien sûr l’assimilation « fan = asocial, attardé affectif,
drogué », en soulignant la culture et l’ouverture d’esprit de la plupart d’entre
eux, qui ont un rapport à la culture extrêmement intéressant et souvent d’ailleurs,
extrêmement distinctif aussi. Est-ce que le culte de la série aurait un peu
remplacé la religion lance alors l’animateur, dans un élan vers l’éternel
cliché ? Philippe confirme en partie le communautarisme (…) et une
certaine forme d’adoration (…), mais malheureusement, la contrepartie à
été coupée par des extraterrestres…
Question subsidiaire :
est-ce que quand on est animateur du Buzz sur le Mouv’,
on est attardé mental ?
Vendu !
Dans le précédent
numéro du rÔdeur, nous vous annoncions la vente d’un livre
8ème Art sur ebay avec comme mise à prix 1 seul petit euro. Ce fut une vraie
tornade et il s’est arraché à 200 euros !
Cela a peut-être
donné des idées à d’autres puisque d’autres exemplaires ont été proposés et
les prix d’adjudications furent compris entre 161 et 251 euros.
Mais il n’y
a pas que le livre Carrazé/Oswald à être convoité. On peut assez facilement
et à moindre coût compléter sa collection de Number Six (l’équivalent
anglais du rÔdeur), acheter des cassettes vidéo à très petits prix, et
chose très étonnante, des coffrets DVD qui se vendent plus cher que dans le
commerce !
Des raretés peuvent
aussi se dénicher, comme l’exemplaire n°6 de la revue 7 à Paris
qui consacrait sa couverture et de nombreuses pages au Prisonnier,
mais aussi l’introuvable Who is Number One ?, première bande dessinée
du tandem Cottarel/Philibert, éditée par Six of One à la fin des années
80 et qui s’est arraché à £13, soit environ 19 euros. A l’heure où nous bouclons
ce numéro, un exemplaire
numéroté du livre 8ème Art (donc encore plus rare) est mis à prix. Comme
on dit à la télé : la suite dans notre prochain numéro.
TV light !
Peu de choses
à se mettre sous la dent ces derniers temps, mais tout de même un morceau de
choix : on a en effet pu voir ou revoir Patrick McGoohan dans l’épisode de Columbo
«Entre le crépuscule et l’aube», le 10/12/2003 sur TF1,
à un horaire footballistiquement hasardeux…
Quant aux fans
de grandes filles sensuelles à belle voix, le passage de Zazie dans l’émission
de Stéphane Bern, intitulée 20H10 pétantes sur Canal +,
a dû les combler d’aise quand elle a répondu à la question Vous êtes une
femme libre, n’est-ce pas ?… par I’m not a number. Zazie sans le
numéro, le titre de son prochain album.
Bellissimo
Il y a quelques
temps, Christian Delattre a été contacté sur le site du rÔdeur par des
Italiens qui désiraient lui emprunter quelques clichés et dessins, pour un dossier
spécial Sixties à paraître dans une revue intitulée E&F. Si vous ne connaissez
pas, rien de plus normal puisqu’il s’agit d’un mensuel milanais, Eyewear&Fashion
(2,58 euros ; pour les contacter : www.vedere.it),
consacré comme son nom l’indique à la mode et aux lunettes dont les Italiens
raffolent.
C’est le numéro
d’octobre qui a tenu la promesse, avec près de 100 pages nostalgiques et clinquantes,
quand le consumérisme était encore créatif…Et de fait, même si les mannequins
des années 2000 croient bon de toujours faire la gueule, il y a du flashy et
du sexy dans les tenues qui s’accordent à merveille avec, par exemple, un fauteuil-globe,
evidamente !
Le Prisonnier
se retrouve en fort bonne compagnie dans un dossier de 5 pages dévolues à la
télévision culte de ces années soixante : où l’on apprend qu’Emma Peel, une
des héroïnes d’Agente Speciale, a fortement inspiré les créateurs
de l’époque par ses tenues considérées comme le premier exemple de mode sado-maso…
Où l’on apprend également que la version italienne de Destination Danger
se nomme Gioco pericoloso, c’est-à-dire jeu dangereux ! La trame
du Prisonnier est expliquée en détail, illustrée par deux photos
de MGoohan et un dessin dont la revue indique très honnêtement la provenance
: le foto de Il Prigioniero sono prese dal sito www.leprisonnier.net.
Ah, j’oubliais
: pour ceux qui ne parleraient pas l’italien, la revue est bilingue anglaise.