Nous avions délaissé cette année la MJC de Lyon-Perrache pour les locaux de
Villeurbabel (ex-Villeurbanne
English Club qui nous avait accueilli déjà en 1997 et 1998), et ce fut sous
un beau soleil automnal qu'une vingtaine de délégués se retrouva en début d’après-midi
pour prendre part aux réjouissances annuelles. Changement de lieux mais aussi
d'habitudes culinaires car la traditionnelle choucroute allait faire place à
des mets plus exotiques (nous y reviendrons !).
Luis
Alonso et Michèle Vergnieux ayant effectué un voyage le mois dernier en terre
villageoise en compagnie de Jean-Luc Laurent, Martine Potel et Jean-Pierre Hurel,
ils en avaient rapporté quelques précieuses reliques du culte, imported directly
de la Prisoner Shop s'il vous plaît ! Mais ce ne furent pas les seules surprises
qu'ils nous avaient réservées. Votre serviteur déclara ouverte cette RFP 2001
et lança l'AG devant une assemblée disciplinée (bravo, bravo, bravo !).
Notre président
honoraire proposa ensuite un jeu original à base de combinaison de chiffres,
le "Jeu de lois". Concocté bien des années plus tôt, il avait maintenant
l'occasion de le tester grandeur nature avec des cobayes qui n'allaient pas
s'en laisser conter ! A quand le brevet, Jean-Mich ? Mais que celui qui arrive
à faire 6-6-6 sans piper les dés nous donne la recette ! Jean-Marc Gouron et
Vincent Royer, fins roublards, furent déclarés vainqueurs (re-bravo, bravo,
bravo !).
Puis un vote
populaire se prononça pour le visionnage de l'épisode « Danse de
mort » en DVD. Comme nous avions pu le constater lors de la RFP
2000, la qualité graphique de ce nouveau support est vraiment exceptionnelle.
Nous pûmes ainsi voir le lendemain dans « Le Dénouement »
que lorsque le corbillard passe devant la maison londonienne du Prisonnier,
on remarque la silhouette de plusieurs personnes de l'équipe de tournage se
reflétant dessus !
Une tradition
ne changea pas cette année : la fameuse vente aux enchères. Pascal Carrio
s'étant… libéré (provisoirement) de ses obligations professionnelles, il arbitra
en grand … professionnel et avec son humour coutumier les joutes financières.
Des trading cards originales de Danger Man (1965) ne trouvèrent
pas preneur, mais les planches (elles aussi originales et signées !) de Philippe
Cottarel et Arto Djizmedjian furent l'objet de bien des convoitises. Ce fut
finalement Christian Delattre qui emporta face à Michèle une superbe planche
de "Who is Number one ?" (il te restera encore de la place pour l'accrocher
au mur ?) et … le commissaire-priseur qui s'empara d'une planche colorisée de
"Projet Pennyfarthing". Christian Delattre (encore ?) et Jean-Michel
Philibert se sont portés acquéreurs quant à eux de superbes fac-similés des
dessins du décorateur Jack Shampan.
Comme
expliqué plus avant, un comité restreint d'organisateurs avait décidé de donner
dans l'exotisme culinaire : une jolie princesse égyptienne accueillit donc
notre congrégation aux « Gourmandises de Néfertiti », près de la mairie
de Villeurbanne. Christian Delattre eut bien du mal à interviewer les plus anciens
des participants (Philibert, Tillier, Alonso) afin de leur extirper en vue du
hors-série spécial des souvenirs de la 1ère et 2ème RFP
(qui avaient eut lieu il y a déjà 12 et 13 ans à Pommiers, riant petit village
de la Loire), tant les digressions, rires et anecdotes fusaient !
Ce fut donc avec
près d’une heure de retard sur le programme que les congressistes repus reprirent
le fil des activités de la soirée. Après 2 ans d'interruption du Florilège Télé
pour cause de manque d'actualité, Christian Delattre et Patrick Ducher purent
enfin proposer une compilation digne d'intérêt avec en ouverture le fameux et
très récent épisode des Simpson avec … le Numéro 6 himself (enfin,
sa caricature simpsonienne quoi !). On savait que Matt Groening, le créateur
de ses jaunes héros, était un fan et saupoudrait ses épisodes de clins d'yeux
à la série (Marge poursuivie par une grosse boule blanche, présence de lava-lampes
et de vélos grands bis…). Dans le "Site inter-pas net d’Homer"
(titre de l'épisode), Homer diffuse de fausses nouvelles via la Toile et se
retrouve emporté au Village car une nouvelle bidonnée s'avère... vraie. Signalons
que dans la VO, c'est McGoohan lui-même qui prêta sa voix au personnage du 6
! On retrouva Pat dans le dernier épisode en date de Columbo dans
lequel il avait tourné l'an dernier, "En grande pompes" :
il y joue le rôle d'un affreux jojo (à la perfection comme d'habitude), puisque
croque-mort pour star, il assassine une chroniqueuse mondaine. Autre élément
au programme : une émission d'une chaîne câblée pour jeunes (Fun TV)
dans laquelle une animatrice (jeune) parlant un langage (jeune) tente d'expliquer
à ses collègues (jeunes et manifestement lobotomisés) le pourquoi du comment
de la série. Déjà que nous (les vieux cons donc) nous avons encore du mal à
la comprendre (la série et la jeune susnommée), ce n'est pas une pimbêche boutonneuse
qui va nous donner une leçon de compréhension, non ? Conclusion par une émission
(nettement meilleure of course) : Destination séries de novembre
2000 en préambule à la sortie des DVD, avec interview de votre serviteur par
Alain "Prof" Carrazé et la délicieuse Alexandra Pic.
Une autre des surprises du tandem Alonso-Vergnieux fut une interview en vidéo
du directeur de Portmeirion, Robin Llewellyn. Robin comprend bien le français
et fit l'amitié de répondre aux questions de Jean-Luc Laurent dans la langue
de Molière. Il raconta qu'il avait 8 ans quand le tournage eut lieu au Village
en 1967. Il garde des souvenirs diffus de McGoohan, alors hôte de son grand-père,
l'architecte Clough Williams-Ellis (il conserve du reste une lettre dactylographiée
de l'acteur qu'il a exposée dans la Prisoner Shop !).
Les survivants
de la soirée purent enfin visionner le film de David Cronenberg, Scanners
(1980), en DVD : l'occasion de voir McGoohan dans un de ses meilleurs rôles,
en scientifique bougon et calculateur. Repus d'images, les participants se retirèrent
pour gagner 1 heure de sommeil en plus, puisque le changement d'heure avait
lieu… 2 heures plus tard, enfin 1 heure, bon, on est tous partis se pieuter
quoi !
Le dimanche nous accueillit
par un soleil toujours radieux d'automne indien : Scanners ne
semblait pas avoir donné trop de cauchemars (et pourtant ! ...), chacun paraissait
prêt à dévorer une nouvelle journée de rencontre avec un bel appétit, et même
avec quelques miettes de croissant pour Philippe et Elsa, visiblement mal remis
d'un repas universitaire très arrosé...
On s'affala
donc d'emblée sur les canapés pour visiter des coins inédits du Village en compagnie
de Michèle, Luis, Jean-Luc, Martine et Jean-Pierre : on les suivit dans un premier
temps dans le nouvel hôtel de Castell Deudraeth (l'ancien hôpital du Prisonnier),
totalement rénové et réouvert récemment au public ; intérieurs bois,
mobilier moderne dans la salle à manger et les chambres, tout confort,
mais entre 1200 et 2000F la nuit, ça fait cher la " chambre de thérapie
" !
Puis le petit groupe se lia d'amitié avec Marita, une Allemande qui avait élu
domicile dans le cottage White Horses, celui-là même où logeait McGoohan pendant
le tournage de la série : avec quatre mois de résidence sur les deux dernières
années, ce n'est plus de l'amour, c'est de la rage ! Le petit groupe du rôdeur
put donc s'extasier sur l'intérieur aux connotations très maritimes (couchettes
supplémentaires en forme de bateau, vue directe sur la baie), tout en tremblant
de mettre ses pas dans ceux de McGoohan (on n'a pas fait le ménage depuis 1966...).
Après
ces moments partagés de quasi pèlerinage, il fallut bien retomber sur nos...
cul(te)s en compagnie de Philippe pour entonner un démystifiant "vous les
fans" : car qu'il s'agissait de rendre compte d'une étude sociologique
sur nous, les fans du Prisonnier, menée depuis deux ans par Philippe et à paraître
plus tard dans un ouvrage consacré au phénomène (cul)culte, aux Presses Universitaires
de Rennes. Mazette, ça devient sérieux, tout ça !
Sérieux, oui
et non, comme s'appliquèrent à le démontrer Jean-Michel Philibert et votre aimable
rédactrice chargés de cuisiner le sieur LeGuern, fin observateur ET fan lui-même
depuis longtemps : Philippe nous confirma tout d'abord que, comme Guillaume
Granier pour son mémoire de maîtrise, il faisait figure d'oiseau rare dans le
monde universitaire, et que la télévision en tant que culture populaire n'était
pas encore très reconnue ("légitime" en sociolangue) comme sujet de
recherche.
Deuxième point :
la résistance très forte des fans du Prisonnier à toute démarche jugée trop
investigatrice sur l’âge, le sexe, le diplôme, la profession, avec la réponse
toute trouvée de « je ne veux pas être fiché… ». Etonnant, non ?
Philippe jugea donc préférable d’étudier le « noyau dur » des fans
lors des rencontres, ce qui lui permit d’observer des comportements types (« le
savoir-être fan » en sociolangue) qui impliquent l’art subtil de participer
tout en gardant ses distances, d’être passionné tout en restant critique, d’être
fans du Prisonnier tout en étant aussi un employé, une mère, un amateur de musique…,
de connaître sérieusement la série sans se prendre au sérieux : si je vous
dis que les jeux sur la série permettent sur un mode ludique (et parfois lubrique)
d’établir des hiérarchies au sein du club, ça ne vous a sans doute jamais traversé
l’esprit, et pourtant c’est observable…
L’article, encore
à remanier (certains participants se sont engagés à tenir leur « journal
de bord de fan du Prisonnier »), promet d’être passionnant et drôle si
j’en juge d’après cette 1ère mouture, puisque Philippe, sans citer
nommément ceux qu’il a rencontrés, sait restituer blagues, réflexions, gestes
et coups de gueule. De là à en faire un roman à clés…
Séance
photos de groupe devant la mairie de Villeurbanne (bye, bye, Philippe &
Elsa Lafaye de Micheaux) avant de nous diriger « Au pays du sourire »
qui nous promettait une escapade asiatique : las, il fallut déchanter car
l’accueil et le service se mélangèrent les baguettes, et l’on repartit très
en retard en proposant de rebaptiser l’endroit « La soupe à la grimace ».
Heureusement, le
fringant John Drake, merveilleux dans son costume en DVD, nous emmena faire
une balade à Portmeirion dans l’épisode de 30mn « View from the villa » :
la VO faisait la part belle aux nuances de la voix de McGoohan, tantôt enjôleuse,
tantôt sarcastique. A quand le sous-fan-club Destination Danger,
grand maître du club ?
En attendant, il
fallut plancher pour le jeu « Fallout » qui invitait les participants
à inventer le discours du N°6 dans « Le Dénouement » :
ponctués de « bravos, bravos, bravos », ces envolées lyriques plus
ou moins délirantes ‘la palme au tandem Philibert-Royer) prouvèrent une nouvelle
fois que les fans sont fin prêts pour écrire le scénario du film !
On enchaîna sur la séance remise des lots, ceux des
jeux et de la tombola : où Vincent Royer fit piètre figure de recevoir
des cassettes VHS de Danger Man en VONST, lui qui ne pipe pas
un mot d’anglais du haut de ses presque 2m…
Puis ce fut au tour
de « Fallout » (en DVD et en VOST) d’occuper les pupilles
des participants, de plus en plus clairsemés au fil de l’épisode : Corinne
et Franck avaient une longue route à faire jusqu’à Valenciennes, Vincent rejoignait
la capitale, Jean-Michel Saint Etienne, Manu Bourg, et Jean-Marc Gouron et Guillaume
Granier repartirent bras dessus-bras dessous pour la gare (Jean-Marc pour son
ministère, Guillaume pour sa fête de PACS…). Michèle et Luis replièrent boutique,
c’était la fin de la 15ème Rencontre : putain, 15 ans !
Ca vaut bien un hors-série, ça…
Grand merci au Villeurbabel
et à Didier Vors (et donc à Luis !) pour leur accueil.