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Le prisonnier : une allégorie moderne

    C'est Patrick McGoohan lui-même qui a le premier défini "Le Prisonnier" comme une allégorie. Le Petit Larousse (édition 1972) définit ce terme comme "l'expression d'une idée par une image, un tableau, un être vivant". Il y a donc bien dès l'origine une intention, un message, un symbolisme inhérents à la série. Loin d'être un "simple" produit télévisuel, "Le Prisonnier" est donc une œuvre à part entière, dans sa globalité, et qui, de surcroît, invite délibérément à l'interprétation. Le Petit Larousse étaie sa définition sur l'exemple d'un tableau de Delacroix, "La Liberté guidant le peuple". Aussi bien pouvons-nous regarder la série comme un tableau en dix-sept parties, et la considérer sous autant de points de vue différents, selon le spectateur et selon l'angle où se tourne son œil.

    Nous pouvons justifier le terme d'œuvre en observant que Patrick McGoohan s'est très largement impliqué dans la création de la série, en tant qu'interprète, bien entendu, mais aussi comme producteur, réalisateur, scénariste et co-concepteur avec Georges Markstein. Si l'on ajoute qu'il y a imprimé sa personnalité par le choix de Portmeirion et la création des décors (avec Jack Shampan), on peut souligner qu'il s'agit là de l'œuvre d'un seul homme. C'est en tout cas le parti pris choisi en 1989 par Alain Carrazé et Hélène Oswald dans leur ouvrage "Le Prisonnier, chef d'œuvre télévisionnaire". Titre remarquable, puisqu'il définit la série comme une "œuvre d'art" et Patrick McGoohan comme un créateur inspiré et visionnaire".

    Car "Le Prisonnier", plus de trente ans après, est passé du culte à la culture, et des films comme "The Truman Show" en sont plus ou moins les enfants naturels. Tournée d'ailleurs comme un film, montée à la perfection, la série reste intemporelle et en même temps remarquablement prophétique. Le téléphone sans fil est notre quotidien; les cameras de surveillance fleurissent dans les rues; les cartes de crédit se multiplient dans nos portefeuilles. Quant à notre monde Post-1984, il est bien un "village global", où la mondialisation a donné raison au N°2 du "Carillon de Big Ben" :

    - "Une communauté internationale. Un modèle parfait d'ordre du monde. Quand les deux camps qui se font face réaliseront qu'ils se regardent dans un miroir, ils verront alors que c'était un projet d'avenir."

    On s'identifie alors d'autant plus facilement au N°6 que, comme nous, il arpente les rues de son village, se heurte le front à la puissance de ses dirigeants, cherche désespérément à s'évader. Mais, comme lui, nous sommes classés, fichés, numérotés, manipulés. Il n'y a pas de Rôdeur bien sûr, mais nous sommes pareillement étouffés par le poids des rites, coutumes, habitudes, que nous nous sommes créés. Taxé d'"individualiste" ou d"'asocial", le N°6 est d'abord un homme qui veut conserver sa liberté et sa conscience. Qu'il soit ou non un espion, qu'il soit ou non John Drake.

    La série devient alors éminemment politique. Non qu'elle soit de droite ou de gauche, bien au contraire, puisqu'elle dénonce tous les totalitarismes, tous les communautarismes. Les élections truquées, les journalistes complices, les dirigeants interchangeables, les procès et les purges, font immanquablement penser aux pires heures du stalinisme. Mais les personnages cagoulés et le mythe du N°1 peuvent aussi bien désigner un "ordre noir", un nazisme inavoué. Quant au Village, cette prison dorée et confortable, cet "Etat Providence" en miniature, qui règne par écrans interposés, c'est peut-être aussi la toile d'araignée où se tisseront bientôt les liens virtuels d'Internet. Le Prisonnier, lui, reste résolument hostile à toute collaboration, à toute participation; il est et veut rester un "homme libre", un ''être humain", et non un pion que l'on dirige selon des règles choisies par d'autres.

    Enfin, il faut bien évoquer tout un pan de la série, un contenu plus ou moins occulte. Que Patrick McGoohan l'ait voulu ou non, son œuvre est éminemment symbolique. La densité onirique, l'ésotérisme numérologique, la prédominance du circulaire (Grand Bi, badges), et du sphérique (Rôdeur, fauteuil-globe, astrolampe), renvoient incontestablement à un inconscient collectif proprement jungien. Le côté surhumain et tragique du N°6, son apparente invulnérabilité, font de lui un héros mythique et religieux, un Ulysse des temps modernes. Et de la série un récit initiatique. Le dernier épisode, particulièrement, est riche d'un contenu cyclique qui évoque irrésistiblement le mythe de l'Eternel Retour. Le N°6 découvre qu'il est le N°1, déclenche au Village une apocalypse quasi-nucléaire, et revient tranquillement chez lui.

    De quoi se poser des questions. Surtout lorsque sa porte s'ouvre seule. Comme au Village...

Ce texte est © Jean-Michel Philibert, Mai 2000.
A paraître, du même auteur : "Le Prisonnier - une mythologie moderne"

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Dernière mise à jour le 5 mai 2001.