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Le fan-club du Prisonnier
(créé en 1991)

Parfum du jour

N°56
(septembre 2006)

Mad Old Man | Fin de partie | N°6 rencontre Batman | Premium TV, saison 2 | Un tour à Dinard | Doublage doublage


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Mad Old Man

Après David Tomblin en août 2005 (cf. les rÔdeurs53 et 54, 09-12/2005), Kenneth Griffith a lui aussi décrété que le parfum du jour serait désormais chrysanthème : il a en effet eu la mauvaise idée de mourir le 25/06 dernier, à l’âge de 84 ans, après une carrière riche et mouvementée.

Avant d’épicer 2 épisodes du Prisonnier avec son grain de folie si particulier, l’acteur avait déjà croisé la route de McGoohan dans un village situé sur une île soumise à un contrôleur, tiens donc, comme c’est étrange : c’était dans le dernier épisode de Destination Danger, «Shinda Shima», où il jouait le rôle du méchant Richards chargé d’empêcher Drake et la jolie Miho de s’échapper de l’île.

Dans le Prisonnier, il fit 2 apparitions mémorables : il incarna tout d’abord le n°2, alias Napoléon, alias le docteur Schnipps père de Sonia, la fille qui était la mort, obsédé par sa tentative de destruction de Londres à l’aide de son phare-fusée ; le côté assez déjanté de cet épisode parodique n’est pas sans rappeler Drake dans le délirant «Obsession», et s’enchaîne assez bien avec «le Dénouement» du Prisonnier qui a été tourné immédiatement après.

Ce dernier épisode doit beaucoup à Kenneth Griffith dans son rôle de Président du tribunal des flagrants délires : on se souvient en effet que McGoohan était loin d’avoir bouclé tout le script avant le tournage, et comme le rappelle l’article de la BBC paru après la disparition de l’acteur (http://www.bbc.co.uk/wales/southwest/halloffame/showbiz/kennethgriffith.shtml), McGoohan avait tellement confiance dans son talent qu’il lui laissa la liberté d’écrire le discours-clé de son personnage, qui tenait une place centrale dans le final de la série.

Une partie de ce discours a été coupée au montage, ce dont McGoohan s’excusa auprès de Griffith en lui offrant des livres de poésie irlandaise (cf. bien sûr L’idiot du village de Patrick Ducher, chapitre IV), mais il n’en reste pas moins que l’acteur a magnifiquement rendu l’ambiguïté de ce Président, très emphatique dans son admiration pour le n°6 rendu à la liberté, et très ironique dans sa façon de lui donner la parole tout en l’empêchant de s’exprimer.

Coïncidence amusante, Griffith joua dans un autre Prisonnier bien des années auparavant, en 1955 : c’était dans le film de Peter Glenville, où il partageait l’écran avec Alec Guinness et Jack Hawkins. Brian Pendreigh dans son article du 28/06 paru sur le site du Herald Tribune (http://www.theherald.co.uk/features/64903.html) nous apprend qu’il se fit ensuite connaître par ses rôles de personnages lâches auxquels on ne peut se fier, de pervers, de petit malfaiteur et d’homme d’église, doté d’un accent gallois presque caricatural qui ne faisait pas toujours le bonheur de ses compatriotes.

On le vit plus récemment dans des rôles de vieil homme fantaisiste dans Quatre mariages et un enterrement de Mike Newell (1994) et dans L’Anglais qui gravit une colline et descendit une montagne de Chris Monger (1995).

Ce que l’on sait moins, c’est que Griffith était également un artiste très engagé, notamment dans les nombreux documentaires historiques qu’il écrivit et réalisa : peut-être est-ce dû à ses origines galloises qu’il affirma haut et fort en abandonnant le «s» anglais de Griffiths comme le rapporte encore le Herald ; peut-être faut-il aussi se souvenir que l’acteur, né en 1921 à Tenby dans le Pembrokshire, s’engagea dans la RAF entre 1940 et 1945 après ses 1ères expériences théâtrales à l’Old Vic.

Toujours est-il qu’il était tout sauf tiède. Il disait de lui-même, comme le rappellent encore la BBC et le Herald : je suis un acteur mais ce que je suis maintenant, c’est un prêcheur gallois. Je prêche des sermons sur l’Histoire au travers de mes documentaires. On en trouvera la preuve dans ses films sur la guerre des Boers dont il était reconnu comme un éminent spécialiste, conflit qui sonna la fin de l’indépendance des colons néerlandais installés en Afrique du Sud, après les interventions des Britanniques en 1880-1881 et entre 1899 et 1902.

Dans d’autres films il a revisité l’histoire de Napoléon, l’indépendance des Etats-Unis ou encore la naissance de l’IRA, et ses points de vue peu anglophiles lui valurent de solides inimitiés et même la censure pour certains de ses documentaires, notamment celui sur l’Irlandais Michael Collins.

Comme il le déclarait dans le magazine The Stage en 2001 (toujours cité par la BBC), je suis complètement sur la liste noire de la télévision britannique comme réalisateur. Mais j’ai un sourire sur le visage à cause de l’âge que j’ai et du fait que je suis maintenant vieux et gâteux… Son ami Peter O’Toole résume bien le personnage en déclarant qu’il n’y avait pas de moulin à vent contre lequel il ne lutterait. Si Dieu est anglais, il risque de rire jaune…

Fin de partie

Dans la même série morbide, Gerald Kelsey, scénariste de l’épisode «Echec et mat», est décédé durant le mois d’avril 2006. Outre Le Prisonnier, Kelsey avait également écrit pour d’autres séries télé anglaises telle que Randall and Hopkirk (Deceased), Jason King, et The Saint.

Il avait écrit un autre scénario pour Le Prisonnier intitulé «Don’t get yourself killed», qui avait été rejeté par Patrick McGoohan. L’idée d’«Echec et Mat» lui était venue suite à un voyage en Allemagne en 1959, voyage durant lequel il avait assisté à une partie d’échecs.

N°6 rencontre Batman

Source :  WikipediaC’est reparti les amis ! Ils reviennent ! Qui ça ? Les gremlins, les envahisseurs, le n°6, les aliens, Superman, Batman, les réplicateurs, Jack Bauer, Terminator ? Un point pour ceux qui ont répondu le n°6 et Batman puisqu’il y a désormais un point commun entre les 2 héros en la personne de Christopher Nolan, réalisateur du récent Batman Begins et désormais pressenti comme le futur réalisateur de l’adaptation cinéma du Prisonnier.

Oui je sais, on vous a déjà fait le coup, et vous avez déjà fait la moue, entre autres parce que McGoohan n’a rien à voir là-dedans. Mais ca n’empêche pas la presse spécialisée de s’exciter une nouvelle fois dans un chœur unanime : DVDRama du 14/08/2006 (http://www.dvdrama.com/excessif/news.php?16350) nous confirme ainsi que la série culte Le Prisonnier sera bientôt adaptée sur grand écran, produite par les studios Universal et certainement sous la houlette de Christopher Nolan, dans les petits papiers d’à peu près tout le monde depuis son très réussi Batman Begins.

Avec Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Le Prisonnier représente la série culte par excellence ; les deux séries ayant été produites au même moment et partageant un bon nombre d’acteurs, de scénaristes et de réalisateurs. Elles sont pourtant diamétralement opposées l’une de l’autre. Autant la première offre un plaisir brut à son spectateur, autant Le Prisonnier est une série complexe qui s’offre moins facilement. En 17 épisodes seulement, Patrick McGoohan a construit une œuvre unique dans l’histoire du petit écran. Une œuvre fascinante qui a su dépasser son simple statut d’objet télévisuel, tant dans sa forme que sur le fond.

Le Parisien du 12/08 confirme la nouvelle sans la développer, alors que le site belge DH (http://www.dhnet.be/dhculture/article.phtml?id=153892) revient sur la double reprise télé et cinéma, en précisant que pour le film on ne connaît pas encore le casting. Le scénario, résolument contemporain, sera écrit par David Peoples, à qui l’on doit notamment Blade runner et Impitoyable. On lui doit aussi (avec ou sans Janet Webb Peoples) Ladyhawke, L’armée des 12 singes ou encore Héros malgré lui, comme le rappelle le site FilmdeCulte (http://www.filmdeculte.com/news/news.php?id=2740) : reconnaissons qu’il s’agit là de références plus estimables que celles des précédents adaptateurs putatifs (et parfois putassiers).

Et le journaliste de conclure : cette adaptation, qui traîne depuis si longtemps à Hollywood, semble en tout cas être parfaitement adaptée au style et aux obsessions de Nolan. Croisons les doigts, ce que semble faire également le site belge de Cinopsis (http://www.cinopsis.be/potins_full.cfm?lang=fr&ID=4212) en confirmant que Christopher Nolan s’impose comme un choix judicieux, lui qui avait gagné la célébrité avec Memento, qui mêlait problèmes de mémoires et troubles de la personnalité dans une intrigue proprement tarabiscotée.

Mais comme un chat échaudé craint l’eau froide, vous n’êtes pas les seuls à rester dubitatifs : sur le site belge d’AdValvas (http://www.advalvas.be/fr/index.php?option=content&task=view&id=4988&Itemid=74), un internaute anonyme s’écrie : aie aie aie. Encore un massacre de séries en prévision. Le cinéma manque à ce point de bonnes idées qu’il faut reprendre les vieilles séries TV ? Tandis qu’un autre s’interroge : je me demande s’ils vont faire pire que l’adaptation ciné des Avengers (Chapeau Melon & Bottes de Cuir). Le même scepticisme règne sur un des forums des amateurs de cette dernière série (http://avengers.easyforum.fr/sutra9528-The-Prisoner-Le-Prisonnier.htm#9528).

Le rÔdeur se propose d’arbitrer les paris d’ici le tournage possible en 2008 : vous jouez combien ?

Premium TV, saison 2

La mauvaise nouvelle, c’est que la prochaine édition du festival estival de séries télé Premium TV (cf. les rÔdeurs53 et 54, 09-12/2005) est repoussée.

La bonne, c’est que c’est pour la bonne cause, comme le confirme Oz, modérateur sur le forum du Front de Libération télévisuelle (http://www.leflt.com/forum/viewtopic.php?p=152327&highlight=premium#152327) : l’an dernier, pour sa seconde édition seulement, le Premium TV a accueilli au total, sur trois jours de festival, plus d’un millier de participants, doublant ainsi son audience initiale. Bien que comblés par ce succès, nous ne cachons pas que cet enthousiasme général a provoqué quelques sueurs froides en termes de sécurité comme de confort du public.

Les organisateurs travaillent donc d’arrache-pied afin de pouvoir accueillir encore plus de public dans un lieu adéquat, avec une programmation plus riche et moins linéaire et donc forcément un budget plus conséquent. Et comme dans toute bonne série, le dessinateur Guigui propose une version alternative assez décalée à ce changement de planning : allez voir, c’est en page d’accueil du site du FLT (www.leflt.com)...

Un tour à Dinard

Le 17ème festival du film britannique de Dinard (http://www.festivaldufilm-dinard.com) aura lieu du 5 au 8/10 prochain sous la houlette de l’ambigu et délirant François Berléand, président du jury 2006. C’est l’occasion bien sûr pour les festivaliers de découvrir des films très variés dans leur touche british, d’assister à des avant-premières, de décerner des prix, mais aussi et surtout de savourer la rétrospective consacrée cette année au… Prisonnier : wonderful, isn’t it ?

Peu d’infos sont encore disponibles sur le site à ce sujet, mais la Feuille du festival dans son n°49 promet qu’elle lèvera le voile sur le mystère du Prisonnier d’ici la fin septembre. La présence d’Hélène Oswald (ex-8ème Art) est annoncée.

Dommage que les contacts avec les organisateurs n’aient pas été à la hauteur de l’attente, car après un premier contact précoce, ils se sont ensuite adressés le 18/07 au Club Lotus France car nous avons besoin de renseignements sur la voiture conduite par le personnage principal: une Lotus Super 7. Super, pas de problème, puisque le CLF n’ignore plus qu’un de ses adhérents allie les 2 passions à la fois (cf. le rÔdeur n°55, 03/2006) et nous transmet l’info illico.

Au bout du compte, ni le CLF ni le rÔdeur ne seront présents, mais il y aura en revanche le distributeur officiel des Caterham en France : il n’est pas sûr qu’il ait envie de faire un compte rendu pour le prochain n°…

Doublage doublage

Les éditions Objectif Cinéma, basées à Nantes, viennent de faire paraître un ouvrage intitulé Rencontres autour du doublage des films et des séries télé, qui semble très prometteur. Tout d’abord les auteurs ne sont pas des inconnus des lecteurs de la revue, puisqu’on y retrouve notamment Maurice Le Borgne, qui s’illustra lors des 2ème, 4ème et 5ème RFP par l’étendue de son savoir sur la série appliqué aux jeux : Christian Delattre s’en souvient encore depuis 1991 !

Comme lui, les autres auteurs, François Justamand, Thierry Attard, et leur équipe composée de Maxime Bomier, Laurent Girard, Bruno Lais, Maurice Le Borgne et Yves Rouxel, journalistes, spécialistes, professionnels ou passionnés de doublage, s’intéressent au sujet depuis de nombreuses années. Ils collaborent régulièrement au site La Gazette du doublage, soutenu et abrité par la revue en ligne Objectif Cinéma.

L’importance du doublage n’est plus à démontrer, et les amateurs du Prisonnier en savent quelque chose. Comme le dit dans la préface Roland Ménard, le comédien qui a prêté sa voix à (…) Erroll Flynn, (…) Marcello Mastroianni et Jack Lord dans Hawaï police d’Etat, (…) le doublage est un art subtil, délicat, qui demande l’expression d’une personnalité en en fixant les limites car la voix ne doit pas dépasser l’image tout en sachant donner à un regard, à une larme, à un sourire, son expression vocale.

Peu de doubleurs parviennent cependant à la notoriété de Jacques Balutin et Francis Lax dans Starsky et Hutch ou de Claude Bertrand et Michel Roux dans Amicalement Vôtre, pour ne citer que ces exemples emblématiques dans l’univers des séries. L’ouvrage cherche donc à faire découvrir le doublage au travers de rencontres avec de nombreux professionnels et ainsi rendre hommage à ces techniciens et artistes parfois méconnus, mais sans lesquels notre culture cinématographique ne serait pas enrichie.

De la naissance du doublage aux Etats-Unis en 1928 jusqu’à son évolution en France et dans le monde aujourd’hui, les auteurs retracent l’historique de cette technique passionnante que détestait Jean Renoir, en détaillent tous les métiers et toutes les étapes, avant d’offrir de belles rencontres avec 7 techniciens et 12 comédiens, parmi lesquels Jean Berger (Patrick Macnee dans Chapeau melon et bottes de cuir, Laurence Olivier) ou Laura Blanc (Jennifer Garner dans la série Alias).

Quid de notre doubleur préféré, Jacques Thébault ? Et bien il ne fait malheureusement pas partie des comédiens interviewés, ni des portraits développés sur le site d’Objectif Cinéma (www.objectif-cinema.com), bien qu’il y soit mentionné à plusieurs reprises et qu’il fasse partie des remerciements dans l’ouvrage. Il est donc peu probable qu’on en sache beaucoup plus sur le doublage de McGoohan que lors de la 4ème RFP en 1990 à Saint-Etienne, où il en avait abondamment parlé comme invité d’honneur interviewé par Alain Carrazé. Un certain Maurice Le Borgne écoutait attentivement…

Pour en savoir plus, 2 solutions : vous rendre sur les pages internet consacrées au livre (http://www.objectif-cinema.net/mailing_rencontres.htm), ou bien vous précipiter dans une bonne librairie pour l’acheter au prix très raisonnable de 25 euros (ISBN : 2-915713-01-4, 220 p. N&B).

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Dernière mise à jour le 3 octobre 2006.