Des amis de 30 ans
Peter
Falk était récemment en France pour présenter ses mémoires parues chez Michel
Lafon et intitulées «Juste une dernière chose», les Mémoires
de Columbo. Il en a profité pour promener sa démarche débonnaire un
peu partout, notamment sur les plateaux de France 2 le 24/11 dans l’émission
de Laurent Ruquier, «On a tout essayé», et le moins qu’on puisse
dire, c’est que le bonhomme est un bon client pour ceux qui ont la chance de
l’interviewer : drôle – ses blagues sur son œil de verre ! -, modeste, pas du
tout du genre à cracher dans la soupe parce qu’il est plus reconnu pour son
rôle de lieutenant à l’imperméable que pour ses très beaux rôles chez Cassavetes
ou Wenders.
L’impression
est confirmée par les 2 entretiens qu’il a accordés au Figaro du 24/11
où il s’est confié à Muriel Frat et Pierre de Boishue (www.lefigaro.fr),
et à l’Express du 29/11 en compagnie de Christophe Barbier et Christophe
Carrière (www.lexpress.fr).
Quand le Figaro lui demande pourquoi les Français plébiscitent toujours
Columbo, Peter Falk ne voit qu’une seule explication : ce sont
des gens très intelligents ! Plus sérieusement, cela me touche, mes relations
avec la France sont anciennes, même si Columbo n’y a jamais mis les pieds. Pour
moi, Paris reste liée à une passion de jeunesse. La fille vivait en France,
moi aux États-Unis. J’ai obtenu mon diplôme d’administration publique un mercredi.
Le jeudi, je prenais le bateau pour la rejoindre.
Son amour pour
le sexe faible ne s’est pas démenti depuis, y compris dans Columbo
où les références à sa femme font partie intégrante du style du héros ; aujourd’hui
encore, elles illuminent sa vie d’artiste peintre, comme il le confiait à l’Express :
je peins et dessine essentiellement des femmes. Leur beauté, leurs courbes
me fascinent depuis toujours. Pour ceux que cela tente, ses toiles sont
vendues sur Internet par son agent !
Côté Columbo,
l’acteur fait son possible pour décider les producteurs à tourner le 70ème épisode,
car dit-il au Figaro, on tient un scénario formidable, je serais prêt
à «tuer» pour faire ce film. Il s’agit, selon moi, de l’une des intrigues les
plus ingénieuses de la série : un crime à distance dont l’arme est le téléphone.
Mais il existe des désaccords avec les producteurs. Je leur en veux terriblement.
En attendant
de pouvoir le faire, Peter Falk revisite avec plaisir ses meurtriers préférés
avec l’Express, comme Faye Dunaway par exemple : et comment ! Faye
est la menteuse la plus délicieuse avec qui j’ai joué. Côté masculin, mon favori
reste Patrick McGoohan. Je n’avais jamais entendu parler de lui ni de sa série
culte, Le Prisonnier. Je me souviendrai toujours de notre première rencontre.
Je suis dans le hall d’un aéroport, en train d’attendre une correspondance.
Arrive ce gars que je ne connais pas. Il s’assied près de moi, me regarde sans
un sourire, et se met à lire un scénario. Un peu plus tard, je me lève pour
prendre mon avion. Il me suit. Une fois installé, il se dirige vers moi et me
demande ce que je pense du script. C’était celui qu’on allait tourner ensemble.
Pendant le trajet, on a retravaillé quelques scènes. Patrick a remporté un Emmy
Award [oscar de la télévision américaine] grâce à cet épisode. La saison suivante,
on a fait un autre Columbo ensemble. Et il a gagné son second Emmy ! C’est dire
la qualité de son jeu.
Parmi ses épisodes
préférés, il cite également «Quand le vin est tiré» [1973], avec
Donald Pleasence, car il s’agit d’un crime impulsif au nom de l’excellence.
Le coupable assassine son frère, qui veut transformer en piquette le très bon
vin de l’entreprise familiale. Il y a aussi «Votez pour moi» [1990],
de et avec Patrick McGoohan. J’avais trouvé l’idée du scénario dans la salle
d’attente de mon dentiste. J’y avais lu une revue, Police Chief Magazine,
où il était dit qu’un criminel avait été démasqué par son empreinte dentaire
sur un chewing-gum trouvé chez sa victime.
On ne saurait
donc trop recommander la lecture des 2 interviews complètes et des mémoires
d’un acteur passionné et passionnant, qui chaque jour, [se met] à genoux
pour remercier le Ciel de [lui] avoir offert ce rôle. Ah, juste une dernière
chose dans l’Express : Peter Falk s’est vu remettre lors de son séjour
parisien une récompense par Martine Monteil, directrice centrale de la police
judiciaire : pour bons et loyaux services ? C’est sa femme qui va être contente…
C'est mon choix
Nouvelle tentative
de réduction télévisuelle à l’échelle monomaniaque : le club a été contacté
pour participer au nouveau magazine Tv «Chacun sa place» animé par
Evelyne Thomas et diffusé sur RTL9 [qui recherchait] un ou plusieurs
témoignages de la passion des séries et la place qu’elles prennent dans notre
vie, l’importance de ne pas rater un épisode, soit un «séries addict». Nous
avons raté le tournage du 15/11 : étonnant, non ?
Un tour à Dinard (bis)
Nous vous avions
annoncé dans le rÔdeur
n°56 (09/2006) qu’un hommage spécial serait rendu au Prisonnier
lors du 17ème festival du film britannique de Dinard qui s’est tenu du
5 au 8/10 derniers : mea culpa pour l’erreur qui s’était glissée puisque j’avais
parlé du 10ème et non du 17ème festival.
Je persiste
en revanche à m’étonner qu’une telle organisation méconnaisse à ce point le
monde des fans pour ne pas proposer d’inviter un membre du club qui participera
à l’animation du festival, et pour considérer ensuite que l’envoi de revues
et de divers objets était un cadeau parce qu’on n’avait pas pu venir ! Ils pensent
que les fans sont des rentiers, ou que la passion permet de vivre d’amour et
d’eau fraîche ? Bref, passons.
Car ces petits
désagréments n’empêchent pas que la série a bien été à l’honneur du festival
les 6 et 7 octobre notamment, lors de projections d’épisodes dans la salle des
Alizés, suivie le 7 par un documentaire et un débat après la diffusion du 17ème
épisode : la Feuille du Festival n°53 du 7/10/2006 (www.festivaldufilm-dinard.com)
l’avait d’ailleurs fort bien annoncé.
Six of One,
contacté trop tard, a eu la chance qu’un de ses membres, Anna Jovanovich, ait
des amis français bien informés et réactifs : elle a donc pu s’y rendre avec
le film et le diaporama sur Portmeirion que ces 3 mousquetaires –alias
Daniel Bernardin, Jean-Paul Levasseur et Serge Titeux - avaient concoctés et
montrés lors de la dernière convention anglaise en 2006.
Son
compte rendu pour le club anglais confirme la présence des objets et revues
envoyées par Patrick Ducher, d’un Grand-Bi authentique, d’une Mini Moke
et d’un rôdeur dénichés par Daniel–Portos-Bernardin, et d’une belle Lotus jaune
et verte : il s’agissait comme nous l’avons déjà évoqué d’une Caterham Super
Seven présentée pour l’occasion par M. Dumas, importateur officiel de Caterham
en France, à qui nous devons la photo illustrant cet article.
Il fut demandé
à Anna Jovanovich de présenter brièvement chaque épisode projeté, et après
la fin du «Dénouement», 2 «experts» (un psychiatre et un étudiant en
cinéma, dont aucun n’avait vu tous les épisodes) présentèrent leurs idées à
propos de la série, sans laisser beaucoup de temps pour la discussion et les
questions. Malgré cela, elle souligne tout le mérite d’un tel coup de projecteur
à la série dans le cadre d’un festival de films, dans un pays qui ne parle
pas anglais. Et cerise sur le gâteau, les 3 mousquetaires ont filmé de quoi
concocter un nouveau film : les gars, c’est quand vous voulez pour nous montrer
vos œuvres.
Autre bonne
nouvelle, qui reste à confirmer car je n’ai pas retrouvé de source sûre sur
le sujet, ni sur le site du festival ni sur celui de l’auteur (l’info aurait
paru sur le programme du festival) : Martin Winckler, toujours lui, aurait annoncé
un ouvrage à paraître sur le Prisonnier. On ne sait pas s’il s’agit
du projet sur les dialogues de la série prévu il y a de nombreuses années aux
éditions Huitième Art, mais la bibliographie présente sur http://martinwinckler.com
annonce un certain Numéro 7 au Cherche Midi pour 200…7 !
Bi-colore
Stéphane
Willocq a encore frappé ! Après la boule blanche et 2 modèles réduits de Lotus
Seven (cf. les rÔdeurs n°48 en 06/2004 et 50 en 12/2004), il s’est cette
fois-ci attaqué au Grand Bi tel qu’il apparaît dans le générique de fin original,
réalisé à partir de 2 exemplaires du vélo diffusé par Del Prado (cf.
le rÔdeur n°55, 03/2006). Laissons-le décrire les principales étapes :
lorsque le Pennyfarthing est sorti en modèle réduit, l’idée ne m’est pas
venue tout de suite, c’est après que cela a germé dans ma tête (…).
J’ai donc
démonté toutes les pièces, la grande et petite roue étant faites en 2 parties
(elles étaient collées) (…). Toutes les pièces ont été décapées, à l’exception
du pédalier et de la selle qui sont en plastique [puis] (…) il a fallu
limer le système d’attache de la selle et cintrer le guidon (…), la selle
est donc plus basse qu’à l’origine. (…).
J’ai dû calculer
au mieux l’écart de toute ma structure métallique d’après le générique de fin,
en respectant au mieux la courbe et l’inclinaison de la capote. (…) [Celle-ci],
que j’ai faite dans une feuille Canson à fort grammage (…) a été délicate
à réaliser car il y a eu pas mal de coloriage, découpage, pliage, camouflage,
je l’ai même plastifiée pour la préserver du temps et la rendre plus solide.
J’ai donc mis toutes mes pièces dans les couleurs d’origine (…). Quand
tout a été sec (48H), j’ai donc pu assembler tout ce puzzle (…).
Je suis vraiment
heureux de ma réalisation et fier de vous la montrer.
L'homme invisible
Jean-Marc Gouron,
toujours à l’affût des bonnes choses, nous signale que depuis quelques mois,
la chaîne 13ème Rue diffuse Invisible Man, une nouvelle série
américaine. L’épisode que j’ai vu le 5/08/2006 à 13H20 s’appelait «Les prisonniers».
Le héros de la série, qui travaille pour une agence gouvernementale discrète,
peut se rendre invisible à volonté à la suite d’une expérience initiée par son
frère.
Assommés
par des personnages douteux lors d’une enquête, son collaborateur et lui se
réveillent dans une maison ressemblant beaucoup à celle où ils étaient mais
le décor extérieur est totalement différent. Ils ne reconnaissent rien. Les
appartements où on les installe sont des copies conformes de leurs appartements
habituels. Ils comprennent très vite qu’il leur sera impossible de quitter «la
communauté». Point de boule blanche ici mais des mini-hélicoptères que les deux
héros réussissent à faire exploser. Des hommes en costume noir arpentent «le
Village»…Les «gardiens», assez communicatifs, acceptent de discuter avec les
2 prisonniers.
La «communauté»
est dirigée par «l’agence de réclusion éternelle», agence d’Etat très discrète
elle aussi et quasiment indépendante, où d’anciens espions, officiellement morts,
coulent une retraite dorée parce qu’ils ont été démasqués par l’ennemi et risquent
leur vie… L’ami du héros reconnaît un de ses anciens collègues, un espion censé
être mort au cours d’une mission ultra-secrète 10 ans auparavant. En réalité,
cet ancien collègue travaille maintenant pour la «communauté».
A la fin,
les 2 agents réussissent à quitter le lieu de leur détention et font chanter
les autorités de la «communauté» en les menaçant de révéler son existence au
pays. La dernière image nous monter les héros libres mais surveillés dans le
bureau de leur chef par une caméra cachée… Tout parallèle avec une autre série
bien connue est de la responsabilité de son auteur…
Boule de lumière
La
traditionnelle Fête des Lumières qui s’est tenue à Lyon du 7 au 10/12
a une nouvelle fois flirté avec les rôdeurs sur la Place des Terreaux, comme
en 2005 (cf. le rÔdeur n°54), mais
dans un tout autre style : on pouvait cette année contempler au-desuus de nos
têtes un réseau de 15 sphères qui ressemblaient diablement à des ballons-sondes,
comme ceux qui ont inspiré McGoohan après l’engloutissement du 1er rôdeur.
Justement nommée
Apesanteur et montée par bbcf, cette vaste projection-lumière
dynamique joue à construire et reconstruire le langage et la littérature :
il faut bien reconnaître que le résultat n’était pas à la hauteur du concept,
très sous-exploité dans la mise en lumière, et les rôdeurs malgré l’ennui ambiant
n’ont pas cherché à étouffer le public.
Tous sur Lotus
Après Seven
Passion paru en 2004 sous la plume d’Emmanuel Joucla et de Rémi Nicolao
(cf. le rÔdeur n°50, 12/2004), les éditions Drivers élargissent
leur gamme à l’ensemble des voitures de la marque mythique avec Lotus
Passion, paru en octobre dernier : Emmanuel Joucla est toujours aux
commandes des bolides mais a changé de co-pilote en la personne de Lionel Fontenier.
Si une bonne
quinzaine de pages sont consacrées à la Seven sans plus d’allusion au Prisonnier,
l’essentiel est bien sûr dévolu aux nombreux autres modèles du constructeur,
dont la grande majorité commencent par la lettre E : Eleven, Elite, Elan, Europa,
Eclat, Excel, Esprit, jusqu’aux très contemporaines Elise, Exige et Europa S
qui prouvent la vitalité de la marque verte et jaune et lui ont permis de renouer
avec le succès.
L’ouvrage est
bien entendu disponible dans toutes les librairies dignes de ce nom au prix
de 45 euros TTC, ou directement auprès de l’éditeur : Drivers – BP 99 – 31013
Toulouse Cedex 6 – Tél : 05 61 59 69 80 – www.drivers.fr.
Les Gérard Award
Pour finir et
pour rire, vous vous souvenez peut-être des Big Brother Awards qu’on
vous a présentés plusieurs fois dans la rubrique «le Village, le monde
aujourd’hui» (cf. notamment le rÔdeur n° 51, 03/2005), et qui
récompensent les pires du flicage mondialisé.
Dans le même
état d’esprit, voici maintenant les Gérard de la Télévision dont le jury,
réuni pour la 1ère fois, a décerné ses récompenses le 29/11 dernier : placée
sous la tutelle (et l’autorité morale) du prénom-symbole du patrimoine-télévision
français (Gérard Louvin, Gérard Holtz, Gérard Miller, Gérard Saint-Paul…), l’Académie
des Gérard et sa Cérémonie jaculatoire ont pour objectif de récompenser les
meilleurs programmes et animateurs de la télévision française - étant bien entendu
que « meilleurs programmes et animateurs » et « télévision française » constituent
ici un oxymore ironique (source : lesgerard.podemus.com).
Citons quelques
heureux lauréats pour le plaisir :
- Plus mauvaise émission poussant au suicide : Le tour de France
(FR2) ;
- Pire animateur ou chroniqueur aux capacités intellectuelles contrariées :
Steevie Boulay dans On a tout essayé (FR2) ;
- Plus mauvais présentateur blanc de J.T. : Jean-Pierre Pernaut (TF1).
Et pour rassurer
la ménagère : aucun Morandini n’a été blessé ou tué durant la préparation
des Gérard.